Alors que l’Europe fait face à une inflation faible et à une croissance atone, elle pourrait bien suivre la trajectoire du Japon,
Europe vs Japon : éviter le piège de la stagnation économique pour protéger nos patrimoines

enfermé depuis des décennies dans une stagnation qui menace la valorisation des patrimoines et l’avenir économique du continent. Cette comparaison, bien que préoccupante, mérite cependant d’être nuancée au regard des spécificités européennes.
Une inflation préoccupante qui masque une économie fragile
En mai 2025, l’inflation en zone euro est tombée à 1,9 %, en dessous de l’objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne (BCE). Cette baisse, loin d’être une victoire, masque une économie à l’arrêt. La BCE prévoit même que l’inflation moyenne en 2026 ne dépassera pas 1,6 %, signe d’une demande faible et d’un risque accru de déflation.
Cette situation évoque celle du Japon depuis le début des années 1990, marquée par une inflation quasi nulle, voire négative, et une croissance anémique. En Europe comme au Japon, le vieillissement de la population, le recul de la productivité et l’insuffisance des investissements dans les secteurs clés ralentissent la dynamique économique. Cette stagnation compromet la capacité des ménages à consommer et des entreprises à investir, alimentant un cercle vicieux difficile à briser.
Le risque d’un afflux de produits à bas coûts en provenance de Chine, conséquence des droits de douane américains, pourrait par ailleurs renforcer la pression déflationniste sur l’économie européenne.
Les leçons du modèle japonais : similitudes et différences
Le Japon illustre les effets durables d’une déflation prolongée : chute des prix, report des achats par les consommateurs en attente de prix encore plus bas, contraction des marges des entreprises et stagnation des salaires. Malgré des politiques monétaires ultra-accommodantes et des plans de relance budgétaire répétés, le pays peine toujours à sortir de cette ornière trois décennies plus tard.
Cependant, l’Europe ne reproduit pas exactement le schéma japonais. Contrairement au Japon des années 1990, l’Europe n’a pas connu de bulle financière majeure suivie d’un effondrement bancaire systémique. L’intégration européenne, malgré ses limites, offre aussi des leviers d’action collective que le Japon insulaire n’avait pas à sa disposition. Les migrations intra-européennes peuvent également partiellement compenser les effets du vieillissement démographique, même si cette compensation reste insuffisante.
Sans mesures structurelles adaptées, l’Europe risque néanmoins de voir sa situation s’enliser, mettant en péril la valorisation des actifs financiers et immobiliers qui constituent l’essentiel des patrimoines européens.
Des réformes indispensables pour échapper au piège
Pour éviter ce scénario de stagnation durable, l’Europe doit impérativement adopter une stratégie proactive et coordonnée. Cela passe par des investissements massifs dans l’innovation, la transition énergétique, la digitalisation et la reconquête de la souveraineté industrielle. Ces secteurs offrent un potentiel de croissance et de productivité capable de relancer la dynamique économique.
La BCE devra équilibrer son rôle de soutien monétaire avec des politiques favorisant la stimulation de la demande et l’investissement à long terme, tout en évitant les écueils de la trappe à liquidité qui a paralysé la politique monétaire japonaise. La coopération entre États membres est également cruciale pour mener des réformes structurelles ambitieuses, notamment sur le marché du travail, les politiques démographiques et l’intégration des marchés de capitaux.
Ce n’est qu’en agissant résolument et de manière coordonnée que l’Europe pourra préserver la valeur des patrimoines, soutenir le pouvoir d’achat des citoyens et assurer une croissance robuste et durable, évitant ainsi de tomber dans le piège de la stagnation à la japonaise qui menace aujourd’hui son avenir économique.