Après des semaines de volatilité sur les marchés financiers, une accalmie semble enfin s’installer. Les investisseurs respirent, le S&P 500 retrouve des couleurs et revient au-dessus de son niveau du 2 avril.
Turbulences boursières : l’heure du repositionnement a-t-elle sonné ?

Pour autant, cette période de répit ne doit pas être synonyme d’inaction, mais plutôt d’introspection stratégique.
Le calme après la tempête : une opportunité, pas une fin
Les marchés viennent de connaître une phase de turbulences majeures, notamment suite aux annonces du « jour de libération » du président Trump. Le rebond observé lundi, consécutif aux nouvelles concernant la politique tarifaire entre Washington et Pékin, pourrait faire croire que tout est rentré dans l’ordre.
Cependant, comme le souligne judicieusement Nathan Sebesta, conseiller financier du cabinet Access Wealth Strategies au Nouveau-Mexique : « Si vous avez paniqué, c’est le moment de dire : ‘On ajuste’ ». Ces paroles résument parfaitement la posture que tout investisseur avisé devrait adopter aujourd’hui.
L’incertitude comme seule certitude
Le contexte actuel reste profondément incertain. L’accord commercial récemment conclu par l’administration Trump prévoit certes une réduction significative des droits de douane américains — de 145 % à 30 % — mais cette mesure n’est que temporaire, valable pour 90 jours pendant lesquelles se joueront les négociations d’un accord définitif.
Ainsi, cette précarité politique et économique renforce la nécessité d’une révision de notre stratégie d’investissement à long terme. Non pas dans la précipitation, mais dans la réflexion méthodique.
Rééquilibrer sans céder à la panique
Jon Ulin, à la tête de Ulin & Co. Wealth Management en Floride, préconise une approche graduelle de la gestion de portefeuille : « Si vous avez un portefeuille 70/30, il est peut-être temps de passer à 60/40 — pas de paniquer vers un 40/60. Le rééquilibrage doit être stratégique, pas réactif ».
Autrement dit, il ne s’agit pas de transformer radicalement nos allocations d’actifs, mais d’ajuster le curseur risque/rendement en fonction de notre véritable tolérance au risque — celle que nous avons découverte, parfois douloureusement, pendant les récentes secousses des marchés.
Des solutions innovantes face à l’incertitude
Pour ceux qui cherchent à mieux protéger leur capital sans renoncer totalement au potentiel de croissance, de nouveaux outils méritent notre attention. Dinon Hughes, du cabinet Nvest Financial en Nouvelle-Angleterre, met en avant les ETFs « buffer », ces fonds qui intègrent des mécanismes limitant les pertes potentielles, tout en plafonnant les gains. « C’est un outil fantastique en ce moment », affirme-t-elle.
En parallèle, la diversification géographique constitue un autre levier à actionner. Tim Holland, directeur des investissements chez Orion, identifie de réelles opportunités en Europe de l’Ouest, où les récentes évolutions des politiques budgétaires devraient soutenir la croissance économique.
Patience ou action immédiate ?
Faut-il agir maintenant ou attendre encore ? Les avis divergent. Nathan Sebesta évoque même un potentiel rallye haussier dans les mois à venir, avec un objectif de 6 000 points pour le S&P 500 avant de rééquilibrer certains portefeuilles.
Cette divergence d’opinions souligne une vérité fondamentale : il n’existe pas de stratégie universelle. Chaque investisseur doit évaluer sa situation patrimoniale, ses objectifs et son horizon d’investissement.
Une philosophie d’investissement durable
La réflexion sur notre tolérance au risque ne doit pas être dictée par des mouvements ponctuels du marché, mais s’inscrire dans une vision patrimoniale à long terme. Réduire son exposition implique nécessairement de renoncer à une partie du potentiel de rendement — un compromis stratégique que chacun doit évaluer à l’aune de ses objectifs personnels.
La sagesse de Scooter Thomas, conseiller chez Savant Wealth Management à Birmingham (Alabama), résume parfaitement cette philosophie :
« Les investissements, c’est comme le savon — plus on y touche, plus il s’en va. »
En conclusion, cette période d’accalmie offre une fenêtre de réflexion précieuse. Saisissons-la non pour réagir dans la précipitation, mais pour repenser notre stratégie de gestion de portefeuille avec méthode et sérénité. Les marchés continueront d’osciller, mais notre cap, lui, doit rester clairement défini.