Family Offices 2025 : le Private Equity s’impose comme investissement majeur

L’étude annuelle de l’Association Française du Family Office (AFFO) – son 10ᵉ baromètre réalisé en partenariat avec EY –

dévoile les dernières stratégies d’investissement des familles françaises fortunées. Basée sur les données consolidées de 585 Family Offices en 2024, cette étude met en évidence des tendances spécifiques qui contrastent avec celles observées dans de grandes études internationales (JP Morgan, Goldman Sachs, UBS, etc.). En particulier, l’allocation des actifs chez les Family Offices français diverge sensiblement des moyennes mondiales, où le private equity représente généralement autour de 21-22 % des portefeuilles – bien moins qu’en France.

Un basculement vers le private equity et une diversification géographique accrue

L’année 2024 marque un tournant dans l’allocation des actifs des Family Offices français. La part dédiée au capital-investissement (private equity) a bondi d’environ 15 points par rapport à 2023, atteignant 37,5 % du poids total des portefeuilles et devenant ainsi la première classe d’actifs devant toutes les autres. En comparaison, les actions cotées ne représentent plus que 17,3 % des allocations totales – en baisse d’environ 4 points sur un an – tout en conservant un poids significatif dans les portefeuilles. Cette montée en puissance du non-coté traduit une recherche de contrôle direct et d’impact sur l’économie réelle de la part des familles, se matérialisant notamment par des investissements ciblés dans les PME (40 % des investissements en private equity) et les ETI (30 %).

Parallèlement, l’immobilier d’investissement a reculé en 2024 pour ne plus constituer que 12,8 % des allocations (soit un repli de plus de 8 points par rapport à l’année précédente). Malgré ce recul, un intérêt renouvelé pour ce secteur s’affirme : environ 41 % des Family Offices envisagent d’investir de nouveau dans l’immobilier, laissant entrevoir une possible reprise dans les années à venir. Du côté des allocations géographiques, la réorientation est notable. Plus de 60 % des Family Offices ont augmenté leurs positions hors Europe, tandis que 52 % ont réduit leurs investissements en France. Cette redistribution géographique s’explique par les préoccupations liées à l’incertitude politique, à un climat fiscal jugé instable et à une croissance domestique considérée comme insuffisante par ces familles fortunées.

Des secteurs d’investissement tournés vers l’innovation et la résilience

Les Family Offices français privilégient désormais les secteurs porteurs de croissance et d’innovation, témoignant de la volonté de combiner performance et résilience. La technologie arrive en tête, avec 63 % des Family Offices exprimant l’intention d’y investir dans les prochaines années. Elle est suivie de près par le secteur de la santé (environ 49 % d’intentions d’investissement). L’immobilier fait son retour dans les priorités, cité par 41 % des répondants, reflétant un regain d’intérêt pour ce secteur tangible. L’industrie, le luxe et les services financiers complètent cette diversification sectorielle – ces domaines étant également mentionnés parmi les cibles d’investissement – dans l’objectif de bâtir des portefeuilles capables de résister aux turbulences économiques et géopolitiques à venir. Cette stratégie d’allier croissance et robustesse s’inscrit dans un environnement incertain et constitue un axe majeur pour de nombreux Family Offices. D’ailleurs, une majorité d’entre eux se déclarent attentifs aux grandes mutations en cours : environ 60 % citent la transition énergétique et le contexte géopolitique parmi leurs préoccupations stratégiques principales, traduisant l’importance de ces thématiques dans leurs décisions d’investissement.

Transmission, fiscalité, sécurité et nouvelles technologies au cœur des préoccupations

Malgré ces ajustements d’allocation, les familles fortunées françaises demeurent focalisées sur les fondamentaux de la gestion patrimoniale. La protection de la famille (citée par 100 % des sondés) et la transmission intergénérationnelle du patrimoine (98 %) restent les priorités incontestées. Ces chiffres, en hausse par rapport à l’année précédente, témoignent d’une conscience aigüe des enjeux de pérennité et de long terme dans un contexte économique et fiscal en constante évolution. La fiscalité reste d’ailleurs un sujet central, scruté par l’ensemble de ces familles, plus de 89 % d’entre elles surveillant de près les évolutions des politiques fiscales.

Parallèlement, la sécurité est devenue une préoccupation majeure. Près de 80 % des Family Offices placent la sécurité au cœur de leurs attentions – un souci alimenté par les menaces numériques et géopolitiques actuelles. En effet, l’étude note une forte sensibilisation aux nouveaux risques : environ 78 % des familles se disent vigilantes face à la cybersécurité (menaces numériques), et les enjeux géopolitiques font également une entrée remarquée parmi les thèmes stratégiques identifiés par près de 72 % des répondants. Ces chiffres illustrent la volonté des Family Offices d’anticiper et de se prémunir contre les risques émergents dans un monde de plus en plus connecté et instable.

Les innovations technologiques s’intègrent d’ailleurs pleinement dans les stratégies à la fois d’investissement et de protection patrimoniale. Des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle, la blockchain ou l’informatique quantique sont désormais évoquées par environ 70 % des familles fortunées. Cette ouverture aux nouvelles technologies souligne la volonté d’anticiper les transformations à venir et d’en tirer parti, que ce soit pour saisir de nouvelles opportunités de croissance ou pour renforcer la gestion et la protection du patrimoine familial.

Enfin, malgré leur diversification internationale, les Family Offices n’en oublient pas l’économie nationale. Près de 80 % d’entre eux expriment le souhait d’investir directement dans des entreprises françaises, avec l’intention affichée de les transformer et de les adapter aux défis contemporains. Cet engagement envers les entreprises locales témoigne d’une volonté de soutenir l’innovation et la croissance en France, confirmant que ces familles cherchent non seulement à faire fructifier leur capital, mais aussi à avoir un impact positif sur le tissu économique national.